François
Nau
Au moins deux ancêtres
de cette famille française vinrent en Nouvelle-France : François
Nau et Pierre Naud, dit Labrie. Ce dernier fils de Jean, marchand, et de
Marie Martine, était originaire de Brie-sous-Matha, arrondissement
de Saint-Jean-d'Angely en Saintonge. Le 6 octobre 1692, à Saint-Laurent
Île d'Orléans, il prenait pour épouse Marie-Thérèse
Garand, fille de Pierre et de Renée Chanfrain à La Durantaye
où il éleva ses douze enfants.
L'intérêt
des lignes suivantes est fixé sur François Nau.
De l'Anjou
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François Nau,
issu de Jean, vigneron, et de Jeanne (Pillet) ou Varlet avait été
nourri par la terre angevine, aujourd'hui département du Maine-et-Loire
divisé en quatre arrondissements : Segré, Cholet, Anger et
Saumur, plus précisément de la commune de Turquant dédié
à Saint-Aubin et situé au sud-est du chef-lieu Saumur, le
long de la Loire, sur la route allant à Chinon.
Au siècle
dernier, Turquant possédait une population de 600 habitants. À
Turquant on cultive la vigne depuis des siècles. L'endroit est aussi
renommé pour ses champignonnières modernes. Joseph Naud de
Répentigny, lors de ses visites au patelin ancestral, a trouvé
l'acte de naissance de François Nau, dans les registres de la mairie.
Celui-ci naquit un dimanche le 13 janvier 1646. Le jeune François
avait juste dix ans lorsque son père Jean est décédé
d'une « oppression de poitrine », le 12 janvier 1656. Sa mère,
Jeanne Pillet(Varlet)fut inhumée l'année suivante, le 21
octobre 1647. François n'avait pas encore franchi les portes de
l'enfance lorsqu'il devint orphelin de père et de mère.
Comme quelques autres
hasardeux de sa race, il décida vers l'âge de 20 ans de franchir
les mers pour venir tisser son avenir en Nouvelle-France.
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Côte
de Beaupré
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François Nau
traversa l'Atlantique au printemps ou à l 'été de
1666, puisqu'aux recenseur de l'hiver suivant il pouvait répondre
: présent ! François travaillait alors comme domestique chez
Bertrand Chenay, sieur de la Garenne avec 7 autres compagnons, dont Pierre
Richard.
L'histoire du fief
de Lottinville rapporte que le 7 avril 1671, le maître Chenay louait
sa ferme à bail à François Nau, travaillant en société
avec Pierre Grenon. L'engagement devait durer une année. Lors de
ce bail, le sieur de Lottinville s'était engagé à
fournir à Nau et à Grenon deux boeufs de travail, une charrue
et une charrette à la Saint-Michel de la même année,
ce qu'il ne fit pas. Le 29 janvier 1672, François et Pierre réclament
une compensation pour les dommages subis. Ils ne furent pas exaucés.
Les associés
quittent leur maître, semble-t-il, à la fin de leur bail,
puisque LaGarenne trouva le moyen de vendre ses petits boeufs maigrichons
à Louis Desmoulins, le 24 octobre 1672, pour la somme de 44 livres.
Ici débutent les interrogations. Où François Nau transporta-t-il
ses pénates ? Entre 1672 et 1676, impossible de trouver des documents
pertinents. René Jetté rapporte, sans plus que François
Nau était à Château-Richer, le 2 janvier 1674.
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Marguerite
Jobidon
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À l'ouest de
Chateau-Richer et à l'est de la rivière Petit Pré,
vivait une digne famille, celle de Louis Jobidon. Cet ancêtre, le
26 octobre 1665, était qualifié »ci-devant serviteur
de Toupin ». Ce jour là, il prenait à bail pour cinq
ans les terres de Toussaint Toupin à la rivière Sault à
la Puce de Château-Richer. Et le 3 novembre suivant, il épousait
Marie Deligny. Marguerite Jobidon, 16 ans, leur troisième enfant
d'une famille de onze, fut l'élue de François Nau.
Le 19 juin, Marguerite
et François approuvent leur convention matrimoniale passée
devant le notaire Paul Vachon. Ils vivraient en communauté de biens,
selon la coutume de Paris. Et, le vendredi 28 août suivant, à
L'Ange-Gardien, l'abbé Jean Gauthier de Brullon, jeune prêtre
ordonné à Québec le 22 décembre 1675, bénit
l'union de Marguerite et de François devant la parenté, en
particulier le beau-frère Michel Isabel, époux de Marie Jobidon.
Il n'est pas facile
de connaître le lieu où le nouveau couple passa ses prenières
année de mariage. Peut-être eurent-ils leur domicile chez
les Jobidon, parce que la santé de Louis semblait alors chancelante.
Ce dernier, le 19 novembre 1677, n'était plus parce que l'on procéda
à l'inventaire de ses biens. Les deux premiers enfants Nau naissent
et sont baptisés à Château-Richer ; ils nous assurent
que François et Marguerite demeurent à la Côte de Beaupré
jusqu'en 1679.
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Les Écureuils
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Le
17 mars 1678, Jean Toupin, sieur du Sault et de la pointe aux Écureuils,
seigneurie de Bélair, concède à François Nau
une terre de 3 arpents de front sur 40 de profondeur « entre le dit
bailleur au nord-ouest et Pierre Groleau au sud-ouest. L'ami Groleau se
marie à L'Ange-Gardien en janvier 1679, avec Geneviève Laberge.
Il faut en conclure que François Nau commença par préparer
son habitation avant d'y amener sa femme et ses enfants. Hélas !
les recenseurs de 1681 oublièrent de visiter les Groleau, les Nau
et bien d'autres. Impossible alors de préciser les succès
des commencements.
Les Nau vécurent
sur le territoire du fief de Bélair, paroisse de Neuville, jusqu'en
1687, semble-t-il. Du reste, tous leurs enfants seront baptisés
à Neuville.
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Famille
Jobidon-Nau
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Marguerite Jobidon donna
naissance à six enfants : Jean, François, Geneviève,
MarieUrsule, Jean-François et Michel. L'aîné Jean,
filleul de Jean Mathieu le 26 septembre 1677 possède son acte de
sépulture à Château-Richer depuis le 26 novembre de
la même année. Le cadet Michel, né le 7 juillet fut
porté sur les fonts baptismaux de Neuville par le jeune Michel Toupin,
fils du seigneur, le 12 juillet 1687. Inhumation au même endroit,
le 31 août suivant. Son parrain se noya aux Écureuils, le
1er novembre 1688.
François
Nau, parrainé par Julien Allard le 30 mai 1679 à Château-Richer,
se maria avec Ursule Marcotte, fille de Jacques et d'Isabelle Salé.
Le couple éleva une douzaine d'enfants à Deschambault et
fit souche. Le fils François fut enterré au même endroit
le 23 mars 1744. Quant à sa soeur Geneviève, elle demeura
célibataire et, en 1717 vivait chez son beau-frère
Pierre Arcand. Marguerite-Ursule
Nau, née le 15 février 1684, unit sa vie à Pierre
Arcand, fils de Simon et de Marie-Anne Isnard, le 20 octobre 1710, à
Saint-Antoine de Lachevrotière. Après avoir donné
naissance à une paire de jumeaux, elle expira à son foyer
le 26 octobre 1715, à Cap-Santé. Le dernier vivant Nau, Jean-François
se maria trois fois : avec Geneviève Paquin, Anne Cousin et Rose
Cauchon dit Laverdière, pour compléter une famille de 13
sujets. Inhumation dans le cimetière de Deschambault, le 22 juin
1758.
Ainsi le capital
humain Jobidon-Nau s'établit à 27 personnes à la troisième
génération.
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Nouveau
Foyer
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L'aïeule
méritante Marguerite Jobidon passa de vie à trépas
sur le territoire de Deschambault, au mois de novembre 1687. Elle fut inhumée
à Neuville, le jeudi 20. Étais-ce à la suite de la
naissance de son benjamin Michel ?
Comment François
Nau, seul peut-il élever ses quatre enfants dans la dignité
? Une seule solution : trouver une autre épouse fidèle pour
parfaire l'éducation de sa petite maisonnée et faire pénétrer
le soleil et la joie de grandir entre ses murs. Marie-Thérèse
Chaillé, fille de Mathurin et de Catherine Barré, native
de Beauport, possède son acte de baptême à Notre-Dame
de Québec depuis le 24 janvier 1667. Elle avait donc 21 ans d'âge
et de courage lorsque François lui proposa le mariage. C'est à
Neuville, le 1er juillet 1688 que Marie-Thérèse et François
se présentent devant le curé Jean Basser pour faire bénir
leur union. Jean-Baptiste Toupin et l'ami Pierre Groleau assistent à
la cérémonie comme témoins. Le mariage est une pièce
à deux personnes dont chacun n'étudie qu'un rôle celui
de l'autre!
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Deschambault
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Le couple
Chaillé-Nau avait décidé d'aller vivre sur le territoire
de Deschambault, sous l'égide du seigneur Jacques Alexis d'Eschambault.
La preuve en est que le rescensemnet de cette seigneurie, signé
le 20 mai 1688 rapporte que François Nau possède son habitation
entre les voisins Pierre Groleau et Antoine Bussière. Il est propriétaire
de deux arpents de terre et de 5 arpents de bois où « il travaille
actuellement à nettoyer et à se bâtir ». Sept
vaches, 7 veaux et 2 cochons lui appartiennent.
Je crois que cette
concession lui fut donnée oralement. Le 3 mai 1696, François,
père obtient officiellement sa terre de 3 arpents de largeurs sur
30 de profondeur. Le même jour le seigneur octroie une concession
de même dimension au fils de François Nau. Quelques années
plus tard, le 8 août 1704, François Chavigny sieur deLachevrotière,
concède également une terre de 3 arpents sur 40 en la dite
seigneurie, entre le manoir et au nord-est Louis Mayrand, à l'est
du ruisseau de Lachevrotière. Bénificiaire : François
Nau, père. Le même jour, le fils jouit d'une pareille concession,
située aujourd'hui au 418, Chemin du Roy
Les Nau n'avaient
pas peur du changement. Peut-être aussi possédaient-ils les
qualités du rêveur qui voit toujours l'avenir plus rose que
le présent.
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Moisson Chaillé-Nau
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Huit enfants Chaillé-Nau
enrichirent la deuxième génération : Marie, Thérèse,
Claude, Michel, Marie-Louise, Jean-Baptiste, Louis, René et Charles.
L'aînée
Marie-Thérèse, née à Deschambault , possède
son acte de baptême à Cap-Santé, à la date du
2 octobre 1689. J'ignore sa destinée. Mgr Tanguay affirme qu'elle
fut inhumée à Deschambault en avril 1761. Claude filleul
de Claude Sauvageau le 8 janvier 1696, se marie avec Elisabeth-Ursule ou
Marie-Isabelle Benoît le 11 juillet 1729, à Lachevrotière.
Il devint responsable d'une famille de neuf sujets
Michel Nau mari
de Geneviève Belisle le 17 août 1738, père de trois
enfants fut inhumé dans son patelin natal, le 22 février
1768. Quant à Marie-Louise, baptisée le 30 mars 1698, je
n'ai rien trouvé d'autre à son sujet. Ursule-Angélique
Délomé prit comme époux Jean-Baptiste Nau, le 7 août
1735, et lui donna quatre enfants.
Louis Nau, inhumé
à Descahambault le 3 mars 1773, responsable de huit rejetons, avait
épousé le 12 février 1726 Marie-Josèphe Perreault,
fille de Pierre et Marie Montambault. Son frère René, mari
de Catherine Benoit le 23 avril 1731, père de onze enfants. Nous
a laissé peu de détails sur sa vie terrestre.
Le 3 avril 1715,
Charles Nau s'engage pour aller vers l'Ouest. Son nom apparaît aussi
au Conseil Supérieur de la Nouvelle-France le 20 novembre 1724.
Puis, je perds sa trace.
Ainsi les 35 petits-enfants
Chaillé-Nau ajoutés aux 27 du premier lit forment une couronne
de 62 fleurons.
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Aux
portes du printemps.
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François Nau
avait travaillé ferme pour élever sa famille. Il n'avait
pas hésité à ouvrir de nouvelles terres. Mission accomplie
! Le mercredi 20 mai 1709, à l'ouverture des portes du printemps,
il était inhumé dans le cimetière de l'humble chapelle
Saint-Antoine de Lachevrotière, tout près de la rivière
qui écoule ses eaux vers le fleuve et la mer. Il avait semé
largement et récolté plus abondamment encore.
Marie-Thérèse
s'occupa de gérer la ferme et osa même plusieurs fois résister
aux demandes de son seigneur. Ainsi le 20 novembre 1724, le conseil Supérieur
de la Nouvelle-France formule un arrêt qui condamne Marie-Thérèse
Chaillé à fournir au seigneur François Chavigny copie
du contrat de concession de la terre de Charles Nau, son fils. L'aïeule
Chaillé, le 28 octobre 1726, dut reculer devant la mort. Funérailles
le lendemain au cimetière de Saint-Antoine. Elle avait 59 ans d'âge
et de ténacité.
De bouture en bouture
à partir du premier plant, les Nau sont devenus une plantation immense
partout en Amérique, surtout au Manitoba et dans les autres provinces
de l'Ouest canadien. Ils descendent du patriarche Amable Nault (1798-1867),
marié en 1824 à Josette Lagimodière (1810-1897), sœur
de Julie la mère de Louis Riel. Josette était la fille de
Jean-Baptiste Lagimodière et de Marie Gadoury, première famille
canadienne-française à s'établir dans l'Ouest. Amable,
baptisé le 17 août 1798 à Berthier-en-Haut, était
le fils de Jean-Baptiste et de Marie- Josèphe Laurence, arrière-arrière-petit-fils
de l'ancêtre François Nau. Et de Marie-Thérèse
Chaillé.
Comme le temps qui
ne s'arrête jamais, la marche des Nau se poursuivra encore pendant
des siècles sur la terre d'Amérique.
Les
textes sont extraits des volumes "Nos ancêtres"
Auteur:
Gérard Lebel C,Ss.R